Journal Haute-Marne : Un mur comme reflet de l’âme des habitants

Chaumont Habitat engage une opération de réhabilitation de ses résidences, d’une part énergétique et de l’autre esthétique, avec la création de fresques monumentales sur la façade de certains immeubles, en partenariat avec CitéCréation, et en concertation avec les habitants. Tout débute par la rue Ribot.

« C’est osé. Mais. il faut que l’on soit culotés, si on veut modifier l’image du quartier. » Halim Bensaïd, chef de projet et co-gérant de la coopérative CitéCréation a présenté les esquisses des futures fresques qui seront réalisées au printemps prochain, rue Ribot.

Le projet est porté par Chaumont Habitat. L’Office engage une opération de réhabilitation thermique d’envergure sur plusieurs de ses bâtiments avec pour objectif d’offrir un cadre de vie plus agréable d’un point de vue écologique et économique mais également avec l’envie de redonner couleur et attractivité au quartier.

Dans un premier temps, ce sont les résidences 18/l0 et 47/49 de la rue Ribot, situées dans le quartier du Val Barizien, qui seront concernées par la création de deux fresques murales gigantesques.

Le 15 septembre, une première réunion de concertation avec les habitants a eu lieu. De ce rendez-vous ont été définies des directions que l’équipe de peintres et designer muralistes a couché sur le papier.

« On n’est pas là pour simplement embellir la ville mais pour la rendre meilleure et apporter un peu d’émotion »
Halim Bensaïd, chef de projet CitéCréation.

Mardi soir, pour le deuxième rendez-vous participatif, Halim Bensaïd a rappelé l’engagement et les valeurs de son entreprise aux 800 projets, en France et à l’étranger.

Notre métier est de retracer l’histoire et la mémoire des habitants On n’est pas là pour simplement embellir la ville, mais pour la rendre meilleure et pour apporter un peu d’émotion », a-t-il indiqué en préambule. Le travail collaboratif a fait émerger un certain nombre d’aspirations et d’idées qui ont été retenues pour ce nouvel élément culturel gratuit et accessible à tous.

« Le thème de la cou couleur était inévitable. Il fallait mettre en avant une sorte de gaieté populaire. On l’a bien compris. »

Gaieté populaire

le sport, comme élément qui rassemble et « où la jeunesse a toute sa place », le graphisme populaire qui parle à tout le monde », l’architecture remarquable « qui au premier coup d’œil nous fait dire que l’on est à Chaumont. » (Viaduc, Halles, tourelles…), la nature, les fleurs. la forêt, les pâtisseries, la ganterie, la coutellerie… Autant d’idées apportées sur un plateau à l’équipe par les habitants. « Chaumont, le dynamisme, la gaieté et le populaire serviront de fil rouge pour l’ensemble des œuvres murales. »

Ce projet va en effet plus loin. Il s’inscrit dans un parcours de fresques sur toute la ville de Chaumont.

« Nous ne sommes qu’au début », précise le chef de projet. Tous les thèmes ressortis lors de la consultation seront utilisés pour d’autres œuvres murales.

« On a été surpris de voir que les habitants sont allés vers des thématiques très humaines. Avant, on nous demandait des visions futuristes du monde. On revient aux choses fondamentales. »

L’histoire de Chaumont et de ses habitants sera racontée le long d’un parcours, de façon contemporaine. avec des couleurs déterminées par une écriture graphique. inédite encore pour les peintres muralistes de CitéCréation.

Supplément d’âme

Résultat le 24 novembre avec la présentation de la maquette et, aux beaux jours, les premiers coups de pinceau. En attendant, Halim Bensaïd compte sur les riverains présents pour endosser le rôle d’ambassadeur et ainsi aider à la compréhension de l’œuvre pour permettre à chacun de se l’approprier. « Ce qui est important, c’est le cheminement qu’on a fait ensemble », insiste le chef de projet.

« L’intérêt de ces fresques n’est pas que pour les Chaumontais. Elles invitent aussi des personnes d’horizons différents à venir, à découvrir. Elles projettent des choses qui existent mais qui peuvent aussi être rêvées et souhaitées. Elles amèneront à d’autres réflexions. »

Avec 42 ans d’expérience, Halim Bensaïd assure que leurs œuvres « ont un impact social réel. Et c’est quantifiable ! Création de nouveaux commerces, baisse du vandalisme, etc. Faire de la peinture pour faire de la peinture, c’est non. Ce n’est pas nous ! » On apporte un changement d’image. un supplément d’âme et une force symbolique qui existe réellement. »

4000

Le quartier Ribot-Loucheur compte 4 000 habitants, soit 1/4 de la population de Chaumont. Pourtant, comme le souligne Chaumont Habitat, il a échappé aux différentes rénovations urbaines comme l’ANRU I et Il et autres aides. Cela concerne 600 à 700 logements sociaux et d’autres habitations avec des constructions très différentes allant des années 50/60 à 2003. Un panel de produits vastes, appartements et maisons. aux loyers différents.

Depuis longtemps maintenant, ce quartier souffre de sa mauvaise réputation mais, Chaumont Habitat ne peut plus perdre de locataires et laisser la population chuter. Un changement d’image est nécessaire. Cependant, améliorer qualitativement le bâti avec des économies en termes de charges ne peut pas tout solutionner. « On souhaitait offrir un peu plus aux habitants, agrémenter le plaisir de se balader et redonner de l’attractivité au secteur.» À terme, l’idée serait, pourquoi pas, de ramener des petits commerces. Sur d’autres secteurs, la réhabilitation passera par d’autres aspects avec notamment un travail sur le végétal et la lumière ainsi qu’une collaboration avec des Jeunes collégiens et lycéens.

Retrouver dimanche, les thèmes choisis pour les deux premières fresques murales du parcours et l’esquisse des œuvres qui seront réalisées par CitéCréation sur les bâtiments rue Ribot.

Julie Arnoux
j.arnoux@jhm.fr

 

 

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