Les Echos – Les murs peints de la cité Tony Garnier en voie de réhabilitation
Les vingt-quatre fresques murales du musée urbain Tony Garnier vont être rénovées. Une opération symbolique pour CitéCréation, qui souhaite se développer en France avec le soutien de la Banque des territoires.
Par Vincent Charbonnier
Les murs peints de la Cité Tony Garnier expriment une certaine idée de la ville. Ils racontent l’histoire du projet de cité idéale conçue par l’architecte lyonnais, dont on fête cette année le cent cinquantième anniversaire de la naissance. Ces vingt-quatre fresques murales présentent la Cité industrielle qu’il avait imaginée : ses écoles situées sur des collines, son centre administratif logé dans une tour, ses hauts-fourneaux, ses établissements sanitaires distribués dans des pavillons, ses îlots d’immeubles de trois étages maximum, sa gare, sa« salle d’assemblée», son centre sportif… Certaines de ses composantes, comme les abattoirs de la Mouche (aujourd’hui transformés en halle de spectacles), le stade de Gerland ou l’hôpital Edouard-Herriot, ont été réalisées plus tard avec le soutien du maire de Lyon.
Plus de huit ans de rénovation
Les préoccupations sociales et hygiénistes de l’architecte se fondirent facilement dans le plan d’extension de la ville voulue par Edouard Herriot. Mille quatre cent dix logements furent construits à partir de 1921, en utilisant pour la première fois de manière industrielle le béton banché. La réhabilitation de la cité, entre 1985 et 1997, fut à l’origine de la création du musée urbain Tony Garnier.
La Banque des territoires en renfort
En quarante ans, CitéCréation s’est affirmé comme leader mondial en design mural monumental. Avec 750 réalisations à son actif dans le monde, la société coopérative étudie, conçoit et réalise toutes sortes de projets,« de la fresque narrative à l’embellissement ornemental global de bâtis et de quartiers en phase de construction ou de réhabilitation». Sur différents types de bâtiment: logements, infrastructures, équipements publics et privés.
L’isolation de pignons aveugles de certains immeubles tut mise à profit pour réaliser des fresques retraçant la genèse du quartier. Cette balade murale s’achève par trois visions de la tour de Babel.
Mais avec le temps, ces murs peints se sont dégradés. Une expertise technique commandée par Grand Lyon Habitat, propriétaire de l’ensemble immobilier, a démontré la nécessité de remplacer les supports de la moitié de ces fresques. Sur les vingt-quatre façades géantes couvrant 5.500 mètres carrés, huit seront reproduites à l’identique, huit améliorées, huit refaites entièrement. Ce travail de restauration a été confié à CitéCréation qui avait été mandatée une première fois en 1988 par le Grand Lyon pour la réhabilitation du quartier. En partenariat avec le fabricant de peintures lyonnais Zolpan avec lequel il avait déjà opéré par le passé. Celui-ci s’est engagé à fournir 200 litres de peinture pour chaque fresque. Ce chantier s’étalera sur huit à dix ans.
Pour passer un nouveau cap et accélérer son développement en France, CitéCréation a ouvert son capital à hauteur de 15 % à la Banque des territoires. « Nous cherchions à nous associer avec un investisseur qui ne soit pas un simple financier mais qui partage pleinement notre état d’esprit», expliquent Halim Bensaïd et Lionel Toutain Rosec, cogérants de la société lyonnaise reconnue comme Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) par le ministère de l’économie, qui souhaitent « concilier efficience économique et performance sociale». Les chantiers et les ouvrages réalisés sont « systématiquement le fruit d’un travail participatif avec les habitants et les territoires», soulignent-ils.
En souscrivant à cette levée de fonds, la filiale de la Caisse des dépôts s’est engagée de son côté à faire bénéficier CitéCréation de sa proximité avec les bailleurs sociaux et les collectivités.
Au-delà de son fief lyonnais, la coopérative lyonnaise qui compte vingt personnes, dont six associés, espère trouver ainsi de nouveaux relais de croissance sans brader son ADN participatif. Elle est aussi présente avec deux filiales commerciales à Berlin et à Montréal.